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La Souterraine Parti Socialiste
17 février 2009

Laïcité "positive" et laïcité européenne

Les déclarations de Nicolas Sarkozy à Rome et Riyad ont fait découvrir que la laïcité à la française était menacée. N. Sarkozy bafoue la loi de séparation entre l’ Eglise et l’ Etat en se mettant à « l’écoute des grandes religions » en prenant exemple sur une soit- disant « laïcité européenne » qui serait en fait un retour à un régime théologico -politique.

I- Un peu d’histoire.

L’ Eglise ne put , en 1905, que se soumettre à la séparation de l’ Eglise et de l’ Etat mais n’oublions pas que le régime concordataire fut maintenu en Alsace et Moselle, que cette loi ne fut pas appliquée dans les colonies et, en 1959, les lois Debré permirent aux écoles privées sous contrat d’être financées par l’Etat et même investies d’une mission de service public.

            L’ Eglise Romaine espère un infléchissement décisif de la laïcité en France car elle ne reconnaît toujours pas la laïcité républicaine. En 2005, Jean- Paul II appelle à une « saine coopération » entre l’ Eglise et l’ Etat et espère «  la création d’une instance de dialogue permanent au plus haut niveau » . Ce que l’ Eglise ne peut obtenir à Paris, elle tente de l’ imposer à Bruxelles grâce à la Commission des épiscopats de la Communauté européenne( COMECE) accréditée depuis 1990.

            L’attitude des autres religions : Les protestants pensent que les catholiques ont été trop favorisés et réclament des subventions pour les « associations religieuses » comme pour toutes les autres associations. La grande majorité des musulmans se disent favorables à la séparation de l’ Eglise et de l’Etat mais ils demandent que tous les cultes aient les mêmes garanties et les mêmes droits en permettant la construction de mosquées à l’aide de fonds publics.

Les témoins de Jéhovah, l’Eglise de scientologie exigent d’être reconnues comme associations cultuelles. Se profile ainsi un réveil de tous les cléricalismes pour remettre en cause la séparation de l’Eglise et de l’Etat .

II Comment le Président de la République entend «  moderniser la laïcité » ?

Emboîtant le pas à certains partisans d’une « laïcité ouverte » moderne , il se veut le pourfendeur de tous les intégrismes y compris « l’intégrisme républicain » . Pourquoi?

            - La république défend les règles, les lois mais ne dit pas ce qui est bien ou ce qui est mal. Dans son discours de Latran, N. Sarkozy ose dire que l’intérêt de la république est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui « espèrent », donc de croyants. Il se réclame d’une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’autre part, conseillé à l’Elysée par un dominicain, il voit dans le sentiment religieux, un facteur de régulation  et d‘ordre social ( cf. les banlieues). La confusion est grande entre le politique et le religieux (cf; le discours de Riyad).

            Il remplit sa mission quand il dit: « la République est le meilleur moyen de vivre ensemble » mais il ne remplit pas sa mission quand il dit: « nous avons besoin de la contribution de l’ Eglise catholique pour éclairer nos choix et notre avenir. » Il méprise alors l’égalité de droit de toutes les options religieuses, agnostiques, philosophiques et remet en cause la loi de 1905.

Quelles mesures sont en préparation?

            - l’aide au développement d’établissements privés dans le cadre du Plan Espoir Banlieues.

            - l’aide directe à la construction de lieux de culte (avec la participation des collectivités locales).

            - les « associations à objet religieux » pourraient cumuler des avantages fiscaux et des subventions.

            - est envisagée, la création d’une forme particulière de «  reconnaissance d’utilité publique  »  des Eglises dans l’Etat.

III Comment se porte la laïcité en Europe?

Les partisans de la « laïcité positive » approuvent l’article 15 du traité européen simplifié conférant aux communautés religieuses un statut d’ « associations représentatives  de la société civile . » L’autonomie respective de l’Etat et des Eglises n’implique pas  du tout la neutralité confessionnelle des Etats.

            -En Allemagne: pas d’Eglise d’Etat mais les religions catholiques et réformées sont définies comme partenaires de l’etat (cf;impôt de religion et enseignement religieux dans tout l’enseignement public).

            -En Italie: Ce Concordat de 1984 déclare que la « République italienne et le Saint siège collaborent pour la promotion de l’homme et le bien du pays » et doit donc mettre des moyens au service des besoins religieux des citoyens.

            -En Espagne: selon l’article 16 de la Constitution espagnole: «  les pouvoirs publics tiendront compte des croyances religieuses de la société espagnole.; »

Donc, dans les principaux pays européens, des discriminations de fait sont pratiquées en faveur des Eglises historiques  qui bénéficient de privilèges juridiques, fiscaux, cultuels au détriment de nouvelles confessions ou courants de pensée non religieux.

Et comment justifier qu’en Irlande, Belgique, Pays Bas, les Eglises contrôlent l’enseignement? A contrario, on peut s’étonner que la philosophie humaniste ne soit pas proposée à tous les élèves européens!

Certains pensent que, face à la crise des démocraties, les religions pourraient recréer le lien social et même « voler au secours des démocratie en quête de légitimité. »!

Si l’on considère la Pologne, l’Irlande, le Portugal, la Grèce, l’égalité des droits est souvent niée par le primat des normes religieuses (contraception, avortement) comme si la loi religieuse était au- dessus de la loi publique.

On ne peut donc parler , pour la plupart des Etats de «  laïcité » mais de « tolérance élargie ».

CONCLUSION. Nicolas Sarkozy veut imposer une « laïcité positive » qui cache une forme de néo- cléricalisme. On en reviendrait au temps d’avant 1905 et à copier le modèle allemand ou américain. La laïcité n’a pas besoin d’épithète, elle est à la fois un idéal d’émancipation individuelle et collective permettant la vie en commun de tous, croyants et non-croyants, unis comme citoyens dans le respect de leurs différences.

Ainsi formulée, la laïcité est encore une idée neuve en France et plus encore, en Europe.

                                                                       Marie-Thérèse  CHATAIN     (d’ après Jean-Paul Scot , historien.)

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